Le Conseil National Professionnel d'ORL (CNPORL), constatant une augmentation préoccupante des complications des angines, avec parfois mise en jeu du pronostic vital, demande que les pratiques conduisant au diagnostic d'une angine, à l'évaluation de sa sévérité et à l'arsenal thérapeutique nécessaire, fassent l'objet d'une mise au point, avec la collaboration des instances nationales de la santé : DGOS, HAS et les Sociétés savantes concernées (SFORL, SPILF).
L'analyse des dossiers des patients, concernés par ces complications, constate essentiellement des prises en charges s'étant révélées inadaptées. En particulier, le CNPORL constate une augmentation des prescriptions isolées d'anti-inflammatoires stéroïdiens, ou non-stéroïdiens induisant, dans un certain nombre de cas, une évolution rapidement agressive de ces pathologies vers la constitution de phlegmons amygdaliens, voire de cellulites cervicales et même médiastinales mettant en jeu le pronostic vital.
Ainsi le slogan, certes un temps nécessaire : « les antibiotiques, c'est pas automatique » devrait-il être modéré par : «antibiotiques, anti inflammatoires : entre deux maux (mots), il faut savoir choisir ».
C'est dans ce contexte que le CNPORL s'inquiète du récent arrêté élargissant aux pharmaciens d'officine, la pratique du « test oro-pharyngé d'orientation diagnostique des angines à streptocoque du groupe A », plus connu sous le sigle de « TDR ».
A l'issu de ce test, un patient pourrait être incité à ne pas consulter un médecin si la présence de Streptocoques du groupe A (SGA) a pu ainsi être écartée.
En effet, le Streptocoque du groupe A ne constitue pas la seule cause grave d'angine. D'autres angines d'origine bactérienne notamment à germes anaérobies relèvent d'une antibiothérapie spécifique et adaptée. De plus, certains aspects d'angine correspondent, en fait, à des maladies non infectieuses, comme des tumeurs ou des hémopathies.
Ne disposant que de ce seul résultat, sans l'examen clinique qui donne son sens à l'exercice médical, le pharmacien d'officine pourrait prendre le risque de rassurer le patient sans avis médical, entrainant de ce fait un retard au traitement.
En conséquence, le Conseil National Professionnel d'ORL demande que :
-* un rappel des arbres décisionnels thérapeutiques des infections oro-pharyngées soit fait portant sur les prescriptions d'antibiotiques et d'anti-inflammatoires
-* le « test oro-pharyngé d'orientation diagnostique des angines à streptocoque du groupe A » soit exclu du champ de l'arrêté du 11 juin 2013
afin que les objectifs de qualité et de sécurité des soins que nous nous devons d'apporter aux patients soient préservés.
Pr. E. REYT
Président du Collège Français
d'ORL et CCF
Dr. J. M. KLEIN
Président du Syndicat
National d'ORL et CCF
Pr. F. CHABOLLE
Secrétaire Général de la Société Française d'ORL et CCF
Paris, le 2 septembre 2013
Date de rédaction : 3 septembre 2013 10 h 01
Date de modification : 3 septembre 2013 10 h 01 min