INFO LE FIGARO - Le Conseil national de l'ordre, qui publie son atlas annuel de la démographie, s'inquiète du nombre croissant de remplaçants qui refusent de s'installer.
La France comptait, au 1er janvier, 193.943 médecins en «exercice régulier» , c'est-à -dire travaillant effectivement dans l'Hexagone et non remplaçants. Ces chiffres extraits de l'atlas annuel de la démographie médicale du Conseil national de l'ordre, dont Le Figaro publie les grandes lignes en avant-première, confirment une stabilisation à un niveau élevé (les effectifs progressent de 0,1% en un an mais reculent de 3% sur trois ans). La décrue annoncée n'est donc pas encore forte mais devrait succéder rapidement à ce pic: quasiment 70% des médecins en activité régulière ont 50ans ou plus.
Pour le moment, c'est leur mauvaise répartition qui reste la principale source de difficulté pour trouver un médecin (voir infographie). L'Ile-de-France compte 222 spécialistes pour 100.000 habitants, soit pile le double de la Picardie! Un constat d'échec des mesures d'incitation à l'installation dans les déserts médicaux, comme le «bonus» de 20% sur le montant des consultations accordé par l'Assurance-maladie aux médecins exerçant en groupe dans ces zones.
Des associations de patients ou familiales (CISS, Fnath, Unaf) ont réclamé, la semaine dernière, des mesures plus dirigistes, comme la limitation des installations dans les zones surdenses, déjà acceptée par les infirmières. L'Ordre n'en veut pas. Aux côtés de syndicats de médecins libéraux, il a déjà bataillé contre une disposition de la loi «Hôpital, santé, patients, terri toire», qui prévoyait un coup de main régulier des médecins de centre-ville à leurs confrères de banlieue ou de campagne, sous peine de sanctions financières. L'auteur de la loi, Roselyne Bachelot, a «mis entre parenthèses» cette mesure.
«Toute mesure coercitive est dissuasive »
Pour le président du Conseil national de l'ordre, Michel Legmann, «toute mesure coercitive est dissuasive. On a déjà un amoncellement de contraintes, des gardes à la pape rasse, aux emprunts ou au harcèlement des contrôles des caisses; si on en rajoute, plus personne ne voudra faire ce métier». Un discours récurrent des syndicats médicaux, que les données de l'Ordre semblent étayer: 8,6% seulement des nouveaux inscrits de 2009 se sont installés en libéral. La proportion ne cesse de reculer au fil des ans. En radiologie, discipline souvent pointée du doigt comme la plus lucra tive, moins de 5% des nouveaux spécialistes ont fait le choix de l'exercice libéral. «Aucun opthalmo, ajoute le Dr Legmann, ne s'est installé en libéral en région parisienne depuis trois ans. Et pourtant, là aussi, c'est rémunérateur. C'est donc que le problème est ailleurs.»
Un autre signe va dans le même sens: la progression du nombre de remplaçants, surtout parmi les généralistes. Ils sont désormais 10006. Parmi eux, des jeunes bien sûr, mais pas seulement: 10% ont même obtenu leur diplôme il y a au moins vingt ans. Ce qui signifie qu'ils sont de plus en plus nombreux à choisir de devenir «remplaçants professionnels» plutôt que de s'installer, voire à dévisser leur plaque pour échapper à la lourdeur de la gestion d'un cabinet.
Le rapport que l'ancienne ministre de la Santé, Élisabeth Hubert, remettra vendredi à Nicolas Sarkozy vise justement à répondre au malaise des «médecins de proximité».
23/11/10
Date de rédaction : 23 novembre 2010 1 h 34
Date de modification : 23 novembre 2010 13 h 34 min